CRAC!
Un amoureux offre à sa douce la chaise berçante qu'il a lui-même fabriquée.
La petite histoire
Après son film TOUT-RIEN, Frédéric Back ressent le besoin de faire un film en hommage à mode de vie en voie de disparition, sinon complètement disparu. Le canevas de cette histoire est inspiré d'une composition française que sa fille Süzel a faite quand elle avait 10 ans. Étonné et ravi, Frédéric Back avait conservé ce travail scolaire racontant l'histoire d'une bonne vieille chaise berçante qu'on ne sait plus apprécier. Ce court texte sert de départ à l'histoire racontée dans CRAC!.
La berçante est une pièce d'ameublement typique des intérieurs québécois. D'une génération à l'autre, on l'utilise de l'enfance à la vieillesse. Cette longue présence de la chaise berçante dans la vie d'une famille permet au cinéaste de faire un retour sur les savoir-faire, les traditions, les jeux et les valeurs d'antan, des thèmes qui sont chers à Frédéric Back.
« Le paysan qui fabrique la chaise, c'est un de mes oncles qui était menuisier et chez qui, enfant, je passais mes vacances en Alsace. C'est aussi un charron que je regardais travailler en Bretagne. C'est également le menuisier d'Huberdeau, dans les Laurentides [au Québec]. »
Synopsis
De sa fabrication à sa mise au rancart, une chaise berçante participe à la vie d'une famille québécoise, se prêtant de bonne grâce à toutes les fantaisies des nombreux enfants. Brisée, réparée et repeinte à de multiples reprises, on finit par la jeter dehors sans regret. Alors que la ville rejoint la campagne, elle trouve une seconde vie auprès d'un jeune gardien de musée d'art contemporain pour elle devient une compagne utile et agréable. Le soir venu, dans le silence de la galerie désertée, la chaise s'anime et revit son passé tandis que les tableaux dansent aux rythmes débridés des musiques d'autrefois.
Le message
Sous ses aspects débonnaires, Crac! est un petit film lourd de sens : « la nouveauté ou le modernisme sont-ils suffisants pour abandonner sans regret les valeurs d'antan? » demande l'artiste engagé.
CRAC! est une célébration de la culture québécoise. Avec ses rythmes 'endiablés', la musique traditionnelle interprétée par l'ensemble Le rêve du Diable y tient un premier rôle. L'auteur veut aussi rendre hommage aux peintres québécois d'autrefois qui ont représenté la vie quotidienne en toute simplicité. Leurs tableaux sont précieux pour connaître les vêtements, décors et occupations d'antan et pourtant, ces peintres sont parfois tombés dans l'oubli.
Par contraste, Frédéric Back veut souligner le désengagement et la distanciation de la peinture moderne, hermétique et austère tout comme la musique contemporaine qui ne cherche plus à émouvoir ni à charmer l'auditeur.
Peintres québécois évoqués dans CRAC! : Krieghoff, Walker, Triaud, O'Brien, Morrice, Julien, Lemieux, Huot, Thomson, Borduas, Leduc, Riopelle, Snow, Théroux, Mousseau, McEwen, Molinari.
Le succès du film CRAC! a entraîné la publication d'un livre éponyme pour enfants rédigé par Ghylaine Paquin-Back, l'épouse du cinéaste. On retrouve l'essence du film dans ce livre pour lequel tous les dessins ont été recomposés de manière à résumer les scènes.